Chambre de Makai

4 ¦
Avant

Lutha arriva devant la chambre de Makai. Il entra tout doucement sans même prendre la peine de frapper. Il était entré ici tellement souvent que cela lui été devenu presque naturel.
Ses habitudes d'assassin se fesait ressentir dans chacun de ses gestes. Il pénétra dans la chambre dans un silence des plus complet et lorsqu'il referma la porte, on entendit même pas le bruit du loquet.

Lutha vit Makai, assise en amazone sur son lit dos à la porte. Si elle l'avait entendu elle ne devait toutefois pas l'avoir vu. Elle se frottait le bras grâce à une sorte d'éponge avec hargne et dégoût, comme elle le fesait à chaque fois qu'elle revenait ici après avoir couché avec un des Seigneurs.
Lutha s'avançat, toujours aussi silencieux, et vint s'asseoir derrière elle. C'est à peine si on sentit le lit s'enfoncer sous son poid.
Makai avait commencé à se frotter le nuque et Lutha lui prit la petite éponge des mains en lui effleurant les doigts. Makai arrêta de s'agiter et Lutha entreprit de lui "laver" le dos aussi délicatement que possible. Il effleurait à peine les égratignures et autre cicatrices de Makai de peur de lui faire du mal. La jeune femme serra sa couverture contre sa poitrine mais Lutha tira légèrement dessus afin de pouvoir nettoyer le dos en entier, si bien que Makai se retrouva avec la couverture juste au creux des reins. Mais cela ne sembla pas la gênée.

Après quelques minutes de silence Lutha parla, chuchota presque de sa voix cassée

"Je suis déçut Kai. Je m'absente durant deux mois et voilà que tu m'acceuilles par une gifle ... Chambre de Makai 158970

"

[HRP/ post fait en accord avec Makai]

• 2 •

Précedemment...

Frotter, plus fort, encore plus fort, toujours plus fort, ne plus laisser une seule trace de ce monstre, plus une seule goûte de cette sueur rebutante au parfum trop amère et écœurant. Désinfecter la moindre parcelle de peau, ne serait-ce qu’effleurée par l’un de ces monstres. Purifier son corps, à elle, qui avait commis comme pêché d’avoir eut si belle allure et si séduisantes courbes. Mille fois, elle avait regretté cette beauté qui l’avait condamné à vivre et certainement mourir à Nurbel, en Papotopia.
Mais, elle était prise dans l’engrenage et ne pouvait plus rien faire pour s’en sortir, se débattre était inutile. Oh, oui, elle aurait pu tous les éliminer, mais c’était une pure folie qui les condamnerait, elle et ses parents, à une mort certaine. Elle pouvait aussi s’enlaidir, mais ceci ne lui apporterait qu’une seule chose: la mort à petit feu. Car pour obtenir son salaire d’assassin, elle devait obligatoirement coucher, et si elle échappait à sa place de courtisane favorite, elle serait très vite remplacée par les autres femmes. Alors, elle n’aurait plus rien, plus d’argent et mourrait, comme ça, dans l’impossibilité de fuir.
Elle aurait très bien pu mettre fin à ses jours. Elle aurait été libérée de tout ça. Et ses parents n’auraient plus rien à craindre… Mais cela signifiait également laisser Lutha derrière elle. L’abandonner. Agir avec lâcheté. A bien y réfléchir, il avait toujours été à ses côtés depuis son arrivée à Nurbel. Le jour même où elle perdit son honneur et son hymen, lui, il était resté avec elle. Il avait pansé ses blessures avec la plus grande des douceurs et l’avait veillée toute la nuit, à ses côtés. Il avait toujours été là pour elle, et même encore après ces six années passées à Papotopia, leur proximité n’avait fait que redoubler.
Non, elle ne pourrait jamais lui faire ça. Jamais elle ne pourrait être aussi égoïste. Un jour viendrait où il lui faudrait échanger les rôles, un jour viendrait où Lutha aurait besoin d’elle.
A la pensée du jeune homme, le visage de la jeune femme, qui s’était enflammé le bras presque à sang à force de frottements, devint un peu plus triste. Que ferait-elle s’il n’était plus là? Que ferait-elle si un jour on lui enlevait à jamais? Si jamais un jour, on lui enlevait ce qu’il y avait de meilleur en elle? Y survivrait-elle seulement? Makai frissonna à cette pensée, et, tellement perdue dans toutes ces hypothèses, elle n’entendit pas le pas feutré qui se rapprochait d’elle, ni même le souffle apaisant de cet intrus. Elle sentit cependant qu’on lui prenait l’éponge des mains, et elle ne chercha pas à protester. Elle ne chercha pas à voir le visage de cet intrus, qui, en vérité, était loin d’en être un. Un simple contact de sa main sur sa peau lui avait suffit pour le reconnaître.
Chacun des gestes de Lutha était rempli d’une infinie douceur, et à chacun d’eux, Makai semblait frémir. De ce fait, elle resserra un peu plus la couverture autour de sa poitrine, le regard perdu à dix mille lieux d’ici. Le jeune homme avait dévoilé au maximum le dos de la courtisane, laissant la couverture effleurer le creux de ses reins. Après un instant interminable de silence, la voix masculine, apparemment rauque et lointaine, se fit entendre derrière Makai. Elle sentait le souffle chaud de Lutha sur sa peau, et, frémissant de plus belle, elle attendit un moment avant de répondre, dans un souffle, aussi bas qu‘elle le put:

« Tu m’as… tellement… manqué… »

La jeune femme se mordit la lèvre, deux mois. Deux mois sans lui c’était l’enfer. Que serait une vie sans lui? Sans son amour? Sans tout ça? C’était… inconcevable. Elle avait la réponse à ses interrogations de plus tôt… Si on le lui enlevait…

« Lutha… »

… elle en crèverait sûrement.

5 ¦

Lutha apaisa la jeune femme d'une caresse sur la nuque. Il ne supportait pas d'entendre cette angoisse qui perlait à chaque fois dans sa voix. Sa voix si douce .... Lutha aurait put être jaloux de tout ces hommes, ils aurait put les tuer un à un mais non. Il savait plus que quiconque que Makai ne fesait pas ça par plaisir et il avait trop besoin d'elle pour penser à tuer tous ces salaud. Il serait mort lui aussi.

Il passa ses doigts dans les cheveux de son Ange à l'instant même où celle-ci poussait un soupir.

*Je t'aime Makai. Si tu savais comme je t'aime ...*

Lutha jeta l'éponge sur le lit, écarta les cheveux de Makai pour déposer un léger baiser juste derrière son oreille puis il referma ses bras autour d'elle. Il aurait voulu guérir chacune de ses blessures, la protéger du monde entier en lui chuchotant que jamais il ne l'abandonnerait. Mais inutile de faire des promesses ...
Il appuya sa joue contre la tempe de Makai et se mit à la bercer précautionneusement. L'avoir ainsi, serrer contre lui, fesait de Lutha le plus heureux des hommes. Il n'attendait rien d'elle, il ne lui demandait jamais rien. Il savait, même si cela lui nouait la gorge, qu'il été impossible pour eux de vivre quelque chose. Makai n'accepterait jamais.
De plus il ne savait pas vraiment ce qu'elle ressentait ... Peut être n'était il qu'un ami, un être constamment présent à qui elle pouvait se confier sans qu'il ne fasse semblant d'écouter.
Comment une femme pouvait elle être si belle, si désirable, si proche et pourtant si lointaine ? A ses yeux Makai était un trésor, une merveille unique et fantastique .... Une merveille au même titre qu'une déesse ... mais une déesse brisée.

Lutha ressera son étreinte et les battements de son coeur s'accélèrent.
L'odeur de sa peau si douce le rendait fou, son rire le boulversait, il aimait sa voix et se serait damnait pour un sourire. Son regard le transpercait. Makai n'était pas comme les autres, Makai était la Seule, l'Unique. C'est la Lune qu'il lui offrirait s'il le pouvait. Il la désirait ardemment mais jamais il ne l'aurait touché. Son respect pour elle était beaucoup trop grand pour qu'il brise tout entre eux.
Il l'aimait et c'était sans doute le plus important. Peu importe ce qu'il lui arrivait du moment que Makai allait bien.

Il sentit la main de Makai remonter doucement le long de son bras. Avec l'autre elle chercha à entortiller ses doigts autour de ceux de Lutha. Il ouvrit la main afin qu'elle noue ses doigts au siens et la referma pour la serrer contre le coeur de la jeune Asiatique.

• 3 •

Son étreinte sur le bras du jeune homme se fit plus forte lorsque Makai sentit venir de lointains sanglots qu’elle réprima immédiatement. Une certaine rancœur se mêlait dans ces sanglots muets et effacés, et, se contenant par habitude, prête à exploser, Makai murmura, d’un voix cassée:

« Pourquoi… Pourquoi as-tu été si long… »

Les doigts de la jeune femme s’étaient recroquevillés dans la main de Lutha, elle serrait son poing aussi fort qu’elle le pouvait. Son autre main, quand à elle, s’étreignait encore plus sur l’épaule de l’assassin aux gestes si pleins de précautions et de tendresse à son égard, enfonçant ses ongles fins dans la peau du jeune homme qui tenait encore sa tête contre celle de Makai. A ce geste, Lutha sembla se crisper légèrement et bien que ce fut très fluet, Makai le sentit immédiatement. Avant de se retourner, elle rapporta sa main devant elle et pu voir, au bout de ses ongles, de petites traces de sang.

* Ne me dîtes pas que… *

Se dégageant soudainement de l’emprise du jeune homme, Makai se retrouva face à deux yeux fraîchement de retour à leur couleur initialement bleutée, avec cependant quelques petites nuances de rouge persistantes. La belle asiatique fronça les sourcils, serrant toujours contre elle la couverture brune, puis posa enfin son regard sur l’épaule nue -comme le reste de son torse- autour de laquelle était noué un morceau de tissu aux longueurs inégales sur lequel une auréole sanguine avait élu domicile. Son visage ainsi crispé, il était difficile de voir qu’un peu plus tôt, Makai avait été sur le point de fondre en larmes. Reposant son regard une nouvelle fois sur les yeux de Lutha, elle le sermonna de nouveau, comme à chacun de ses retours de mission, quasiment:

« Tu t’es encore blessé! »

Et, le geste accompagnant naturellement la parole, elle le frappa, du plat de la main, sur le torse. Grondant toujours, elle se releva, replaçant mieux la couverture autour de son corps, et, malgré les quelques protestations de Lutha, qui disait avoir déjà nettoyé la plaie et que ça n’était rien, ce à quoi elle lui répondit que, le connaissant, il n’avait certainement que passé un peu d’eau, - la chose à ne pas faire vu les bactéries présentes dans leur eau…- elle ramena le nécessaire pour soigner cette blessure. Elle revint auprès de lui, s’asseyant à califourchon sur ses genoux et lui ordonna de montrer son épaule. De nouvelles protestations, mais, il était bien connu que Makai obtenait tout ce qu’elle désirait avec Lutha… Enfin, presque tout.
Elle commença alors à nettoyer la plaie avec minutie et douceur, malgré son visage toujours froncé.

« Comment tu t’es fais ça cette fois-ci… »

Ca n’était pas réellement une question qu’elle lui posait, c’était surtout une pensée qui lui avait échappé. Une fois la blessure un peu mieux désinfectée, Makai laissa son regard se perdre dans les yeux de Lutha. Ses pensées étant un peu trop explicites, elle détourna vivement la tête et se releva, faisant volte face au jeune homme.

« Tu m’as dis que tu ne me mentirais jamais, pas vrai? Que tu serais toujours honnête avec moi, non? Alors… Alors… Alors pourquoi tu ne me dis jamais rien sur toi? Hein? »

Makai chassa rapidement une ou deux petites larmes qui perlaient sur sa joue avant de rajouter, dans un souffle:

« Tu m’as mentis… T’avais dis… Tu avais promis que tu serais honnête… »

6 ¦

"Tu m’as mentis… T’avais dis… Tu avais promis que tu serais honnête…"

Lutha observa Makai qui lui tournait désormais le dos. Il haussa un sourcil et ne put retenir un sourire.
Il ne voulait pas lui parler de ses yeux, qu'est ce qu'il aurait bien put lui raconter ? "Mes yeux saignent lorsque le sang de ma victime se répand?". Non, ce phénomène était assez étrange pour lui sans qu'il commence à inquièter Makai. Il s'y était fait depuis longtemps et il n'avait pas envie d'en parler.
Les yeux de Lutha tombèrent sur les saïs de Makai et tout un tas de pensée lui envahirent l'esprit. Il ne voulait pas parler de ses yeux, il ne voulait pas non plus lui dire que sa mère avait été une prostituée, il ne voulait pas lui avouer qu'elle lui avait fait mal en lui frappant le torse. En revanche il y a une chose qu'il se devait de lui dire avant que le Pape ne se mette à hurler; ils étaient attendus en bas.

Lutha se leva en prenant appui sur le lit et fut bien forcé de constater que grâce aux bons soins de Makai il ne sentait plus cet élancement gênant dans le bras .
Il alla se placer en face d'elle et ses yeux parcoururent l'espace d'un instant le corps de sa belle.
Surveillant la réaction de Makai il se pencha alors vers elle et déposa un nouveau baiser sur son épaule. Puis il se redressa et souligna la courbe du menton de Makai avec son pouce

"Je ne t'ai jamais menti"

Il fit demi-tour et alors qu'il s'apprêtait à ouvrir la porte il s'arrêta sur le seuil et s'adressa à elle, sans pour autant se retourner

"Maintenant habilles toi. Le Pape et Altaïr nous attendent en bas. Je t'attend."

Après

• 4 •

Lorsque Lutha parcourut son corps du regard, Makai lui lança un regard furibond. Elle détestait ça. Elle détestait qu’il la regarde comme ça. Elle détestait quand dans sa tête, elle voyait un autre que lui la détailler ainsi. Elle détestait relater sans cesse ces choses dans sa tête et surtout elle se détestait quand elle osait croire que Lutha la désirait au même titre que n’importe lequel de ces hommes à qui elle avait vendue son corps. Soudain il se pencha et déposa délicatement ses lèvres sur son épaule dénudée. Son regard sembla se détendre, se troubler presque, lorsque ce dernier passa lentement son pouce sous son menton.
Elle ne le quittait pas des yeux, son regard posant pour elle de multiples interrogations à commencer par: A quoi tu penses, Lutha? A quoi tu penses?

« Je ne t'ai jamais menti. »

Oh, ça elle le savait, elle ne digérait simplement pas toutes ces petites choses qu’il omettait de lui dire. D’accord, elle faisait comme lui… parfois en pire lorsqu’elle mentait monumentale ment en disant que tout allait bien et qu’elle était forte et que « ça ne lui faisait plus rien » parce que « ça n’était plus qu’une formalité » et qu’elle avait été détruite « il y a déjà bien longtemps de ça ». Alors, dans ces moments là, le ton montait, elle le traitait de tous les noms, passait parfois sa colère sur lui, le maudissait et finalement, une fois le soleil couché, elle venait se réfugier contre lui, pleurer à chaudes larmes, cherchant du réconfort entre ses bras. Mais lui, il ne faisait pas ça. Il ne lui disait jamais.
Lutha fit demi-tour et, s’apprêtant à ouvrir la porte de la chambre pour rejoindre Altaïr, il lui dit:

« Maintenant habilles toi. Le Pape et Altaïr nous attendent en bas. Je t'attend. »

Et il s’en alla, sous le regard de Makai qui se courrouça à la seconde même où il ferma la porte.

* Il pourrait me regarder quand il me parle! *

Enfin, elle enfila sa tunique semblable à celle d’Altaïr et prit son équipement. Une fois prête, elle descendit rejoindre les deux seuls hommes de sa vie…

Suite

• 7 •

Précédemment...

La porte de sa chambre claqua si violemment que les gonds furent sur le point de lâcher. Comment!? Comment!!? Comment Lutha et Altaïr avaient pu se ranger du côté de cette petite catin!!!? Comment!!!?
De nouveau, elle hurla sa colère, vomissant toutes les injures qui lui traversaient la tête, transperçant, frappant, cassant, jetant, explosant, éventrant, déglinguant tout ce qui se trouvait sur son passage. Les paroles de la jeune Eve raisonnaient encore dans sa tête: « tué autant de personne qu'elle et voler des richesses bien plus précieuses qu'une légion de vie ». Ah oui? Et si jamais cela s’avérait vrai, à son grand étonnement, en quoi cela était-il glorifiant ou même honorifique? Elles étaient toutes les deux employées et manipulées par la Papoté, elles ne valaient pas plus que ces pauvres « hérétiques » qu’on cloîtrait aux cachots et qu’on qualifiait d’êtres abjectes et sans cœur, meurtriers sanglants et inhumains, païens. A moins que la fille se vantait de ses exploits accomplies par son bon vouloir, alors là, elle ne valait pas plus chère que Makai. Elle ne valait pas plus chère que de la vomissure.
« Voler des richesses bien plus précieuses qu’une légion de vie », ça le Pape l’avait déjà fait, en forçant Makai à venir à Papotopia, dans un affreux chantage. Eve n’avait donc aucun mérite. Quoi? Oui, elle est narcissique, et alors, merde?
Alors qu’elle fauchait tout sur son passage, Makai s’arrêta alors face à un miroir plein pied, à demi fissuré par endroits. Elle observa alors son reflet un moment, en tentant de reprendre son calme, ses sais toujours à la main: six ans. Six ans que cela durait. Six ans qu’elle avait perdu toute sa dignité. Six ans qu’elle ne valait plus rien en somme. Six ans. Ca lui avait parut bien plus long.
Soudain, dans un geste vif, son poing vint s’écraser sur son reflet, éclatant un peu plus le miroir.
Ses doigts se desserrèrent, relâchant les deux lames qui tombèrent au sol, dans un bruit métallique. Elle se laissa ensuite tomber à genoux, continuant de fixer un morceau de son reflet qui tenait dans un morceau de glace survivant. Plus rien.
Elle n’entendit pas le grincement de sa porte qu’on poussa et ne vit pas le reflet de cet homme qui entra.

10 |
Avant ...

Lutha avait laissé Altaïr. Il n'avait pas eut besoin de lui expliquer pour que ce dernier comprenne où Lutha se rendait. C'était ça l'avantage avec Altaïr: il ne posait jamais de questions inutiles.

Lutha monta l'escalier, sans se pressé. Il savait déjà comment il allait retrouver Makai. Ivre de colère et de rage, la chambre détruite et la porte à moitié arrachée. Ca devenait un classique à présent. Mais c'était plus fort que lui, comme à chaque fois.

Il poussa doucement la porte et trouva Makai, agenouillée devant son miroir - ou du moins devant le seul morceau de glace qu'il resté. Lutha referma la porte et avança jusqu'à Makai. Il se plaça derrière elle. Il pouvait voir ses jambes se profiler derrière le visage de Makai dans le bout de miroir.
Il ne s'agenouilla pas, ne la pris pas dans ses bras. Si elle voulait un contact elle viendrait le chercher elle-même. Elle était stoïque, elle ne semblait même pas avoir conscience de sa présence. Lutha avisa les saïs et la chambre sans dessus dessous. Il ne s'était pas trompé. Encore une bêtise et Eve aurait de ce qu'est un véritable assassin. C'était juré. Bien qu'il ne s'en prenne, en temps normal, jamais aux femmes.
Il posa ses yeux sur la nuque de Makai

"Arrêtes Makai. S'il te plait arrête."

Il comptait attendre là, jusqu'à ce qu'elle réagisse, même si c'était pour le frapper ...

• 8 •

Un instant, elle vit sa vie défiler devant elle, à travers ce simple reflet: l’apprentissage de son père, les bon petit plat de sa mère, les yukatas que lui faisait sa grand-mère, les repas avec les baguettes, les lucioles la nuit près du lac, le parfum de sa mère, celui du thé dans un bol chaud, et cette berceuse que lui chantait oka-san. Toujours à mille lieues d’ici, les paroles lui revinrent en tête. Dans un souffle, elle murmura avec un petit air cassé:

« Yunyaké… koyakéno….Akosombo ….Owar té mita… nowa-issu …No-ohi… hi-ka… »

Elle aurait donné tout ce qu’elle pouvait, tout et n’importe quoi pour retrouver tous ces petits plaisirs, pour retrouver son innocence, pour retrouver tout cette amour… Pour se retrouver elle, et non celle qui se trouvait en face d’elle. Pas cette Makai qui ne valait doublement rien. Pas cette Makai qu’on désignait par « courtisane » ou par « assassin ». Elle voulait retrouver Makai Chinuru, fille du grand Chinuru-sama, maître du tessen.
Bientôt, toutes les larmes qu’elle avait contenu jusqu’à là ne tinrent plus, et lorsqu’elle entendit la voix lointaine de Lutha dans son dos, les perles d’eau salée se précipitèrent vers le sol.
Arrêter. Arrêter. Comment. Comment s’arrêter. Il lui demander de s’arrêter. Arrêter quoi. Arrêter de pleurer, arrêter de relater tout ça dans sa tête, arrêter de penser qu’elle ne vaut plus rien, arrêter d’être à fleur de peau, arrêter de hurler sa rage, sa peine, sa haine, sa rancune, ou bien même son désespoir. Arrêter de croire qu’il n’y a plus rien, arrêter de le rendre malheureux, ou même arrêter de venir le voir quand tout va mal. Arrêter de se lover dans son aura protectrice, arrêter de se reposer sur lui quand tout va mal, arrêter de le faire chier tout bonnement. Arrêter d’être infecte avec lui, arrêter de crier son amour à travers les coups, arrêter de l’aimer quand elle le fait souffrir. Arrêter de vivre. Ou arrêter de mourir à petit feu. Arrêter.

Sa respiration se chamboula et cette fois-ci, des sanglots s’emparèrent d’elle, saccageant et sa respiration, et sa voix.

« Par…don…Par…don Lutha….Par…don… »

Elle se recroquevilla, entourant ses jambes de ses bras. Elle posa sa tête contre ses genoux, pleurant toujours.

11 ¦

" Par…don…Par…don Lutha….Par…don… "

Lutha poussa un soupir de déséspoir. La voir ainsi lui nouait la gorge et le mettait, lui aussi, en colère.
Il avança d'un pas, mais sans pour autant la toucher. Qu'est ce qu'il pouvait bien faire pour chasser ses idées noires ?
La prendre dans ses bras ne suffisait sûrement plus. S'il seulement elle pouvait arrêter de se torturer ainsi, sa mère à lui avait aussi été une prostituée mais et alors ? Cela ne l'avait jamais empêché d'être heureuse.

"Qu'est ce qu'il te manque, Makai? Tes parents ? Ton pays ? ... Ta noblesse ?"

Son coeur se serra

"De l'Amour et du Respect ?"

*Je suis là, moi. Je serais toujours là.*

Il l'observa encore un instant puis s'adressa à elle avec autorité

"Ne bouges pas. Je reviens"

Lutha sortit de la pièce ...

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Il descendit l'escalier de marbre et partit à la recherche d'Altaïr.
Il le trouva enfin au bout de longues minutes en route pour les cachots.
Altaïr se tourna vers lui au même où Lutha allait lui mettre la main sur l'épaule. Etre attentif au moindres sons, c'était une des clès de survie principale d'un Assassin.

"Je ... . Je vais veiller Makai, ne m'attend pas pour aller voir Sa Sainteté. Dis lui que Makai est malade et que je veille sur elle. Si il y a le moindre problème viens me chercher, je descendrait."

Il obtint l'accord d'Altaïr et il lui redonna la lame d'Honduras à Altaïr

"C'est un cadeau Altaïr, je tiens à ce que tu la gardes"

Puis sans demander son reste il se précipita dans la direction des cuisines à la recherche d'une carafe d'eau et de quelques fruits.
Puis il reprit la direction de la chambre de Makai.

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Il rentrait toujours avec la même douceur dans la chambre de Makai. Elle n'avait pas bouger comme il le lui avait ordonné.
Il posa l'eau et les fruits dans un coin de la chambre et rangea un peu la chambre. Puis, il se planta devant Makai et lui tendit la main pour qu'elle se lève.

• 9 •

Elle sentit Lutha s’approcher d’un pas, et elle serra une poignée de ses vêtements dans son poing, si fort qu’elle s’en retournait presque les ongles. Son regard noir fixait son reflet à travers le bout de verre. Un regard dur.

« Qu'est ce qu'il te manque, Makai? Tes parents ? Ton pays ? ... Ta noblesse ?… De l'Amour et du Respect ? »

Makai renifla, continuant de sangloter. Elle resta terrée dans son silence. Ce qui lui manquait? C’était pourtant évident pour quelqu’un comme elle. Lutha n’avait pas tord dans ce qu’il disait, mais il avait oublié un point capital. Un point très capital pour elle.
D’une voix autoritaire, Lutha s’adressa à elle:

« Ne bouges pas. Je reviens. »

Et il disparu du miroir ainsi que de la pièce, y laissant seule Makai.Comme il le lui avait demandé, elle était restée immobile. Mais après tout, même s’il lui avait dit de se lever et de le suivre, elle serait rester face à face avec ce miroir. Face à face avec elle-même. A cogiter. A comprendre pourquoi elle était devenue si faible. A se détailler comme une bête abominable et repoussante. A se haïr petit à petit, de plus en plus fort. A se demander quand est-ce qu’elle aurait assez de courage pour en finir avec tout ça. Quand est-ce qu’elle oserait dire à Lutha toutes ces choses qu’elle lui cachait. Quand est-ce qu’elle pourrait elle aussi vivre vraiment comme elle l’entend.

Une trentaine de minutes plus tard, la poignée tourna de nouveau. Lutha. Makai était exactement dans la même position qu’à son départ, à se fixer dans le blanc des yeux. Il posa quelque chose dans un coin de la pièce, puis, se plantant face à elle, il lui tendit une main pour la remettre sur pieds. Après un instant, elle leva doucement les yeux, en cherchant ceux de Lutha, puis souffla:

« Ma liberté… »

Il ne comprit pas immédiatement qu’elle faisait référence à la question qu’il lui avait posé plus tôt. Elle attrapa lentement sa main, la serrant faiblarde ment, le laissant la remettre sur pieds. Une fois bien en face de lui, elle effleura doucement la joue de Lutha:

« Toi… »

Une autre chose qui lui manquait.
Elle rejoignit ses deux mains à plat sur le torse de Lutha, en baissant la tête.

« Ton cœur contre le mien… »

Elle posa alors sa tête contre le torse de Lutha, afin de bien entendre les battements de son cœur, si chaleureux. Puis dans un souffle, elle murmura:

« Vivre plutôt que survivre… »

12 ¦

Il ne bougea pas lorsqu'elle se blottit contre lui. Il souffla juste

"Je t'appartiens depuis que tu as posé les yeux sur moi ..."

Il ne lui dirai pas je t'aime ce soir. Elle le savait déjà, elle devait l'avoir compris depuis longtemps.

" Ton cœur contre le mien… "

"Il ne bat qu'au rythme du tien ... "

Il ne bougeat toujours pas

" Vivre plutôt que survivre… "

Il la repoussa et la tint fermement par les bras

"Je veux que tu arrêtes Makai ! Arrêtes de te torturer ! Etre une prostituée de change rien au fait que tu es une assassin hors pair, que même déchirée par la haine tu restes belle à crever ... Non Makai ! Arrêtes ! Ne croit pas que je te désire plus qu'un autre, que la seule chsoe qui m'intéresse c'est ton corps, arrêtes d'avoir l'air vexé quand je te dis que tu es belle J'en ai assez que tu te prennes pour une sous-merde! J'aimerais pouvoir te regarder sourire et voir tes yeux pétiller. De nouveaux."

Il marqua une courte pause et ses mains remontèrent afin d'encadrer le visage de la Japonaise

"Tu n'as pas choisit d'être ce que tu es. Mais tu m'a moi. Tu as Altaïr"

Il esquissa un sourire

"Et accessoirement tu as cette tarée de Dhélila. Elle te voue un vrai respect, elle. Elle ne fait pas semblant !"

Il attira Makai contre lui et la serra aussi fort qu'il put

" Arrêtes Kai. Fais le pour moi je t'en suppli. Fais le pour nous"

Au bout de quelques secondes il la relâche et se recula. Il finit par se retourner et lui dit

"Change de vêtements. Va te coucher. Je resterai jusqu'à ce que tu t'endormes."

• 10 •

Makai resta silencieuse tout le long, laissant Lutha parler, la raisonner, elle ne pouvait rien lui répondre. Vraiment rien. Elle aurait aimé cesser de le tourmenter autant. Elle aurait vraiment aimer pouvoir le remercier suffisamment d’avoir toujours été là, près d’elle. A la relever quand elle tombait trop fort.
Au bout d’un certain moment, Lutha la relâcha, puis se recula. Il finit par se retourner et lui dire:

« Change de vêtements. Va te coucher. Je resterai jusqu'à ce que tu t'endormes. »

Elle acquiesça silencieusement et retira lentement sa tunique sans se cacher de Lutha. Il l’avait déjà vu nue un certain nombre de fois. Elle se saisit ensuite d’un fin linge semblable à de la soie et de la dentelle entremêlées. Elle la passa doucement, sa peau frémit lorsque le linge lui effleura la peau.
Makai resta un instant à passer sa main sur ses épaules, l’air perdu. Puis reniflant - ses pleurs et tout ça s’étaient arrêtés- elle se retourna, face à Lutha.

Elle joua un instant avec la chaîne qu’elle avait autour de son cou, puis, elle murmura, d’une voix plutôt timide:

« Est-ce que je peux rester dans tes bras? »

Elle avait besoin de se sentir en sécurité, entre ses bras protecteurs.

13 |

« Est-ce que je peux rester dans tes bras? »

Lutha ne répondit pas, il effleura simplement la joue de Makai du bout de l'index. Il lui fit signe d'aller s'allonger tandis que lui allait chercher les fruits et l'eau. Il les déposa sur la petite table de chevet - un des seul meubles qui eut survécu au massacre - tout près du lit. Lutha agissait avec calme et fermeté. La seule chose qu'il souhaitait s'était que Makai s'endorme afin d'être apaiser. Elle avait eut une rude journée et la seule chose dont elle avait besoin c'était la paix.

"Tiens si tu as faim, ou soif"

Il fesait presque nuit dehors, il était tôt dans la soirée mais on pouvait déjà apercevoir la lune. Le Pape n'apprécierait peut être pas que Makai manque à l'appel ce soir. Mais tant pis, c'était hors de question qu'elle travaille dans cet état.

Il se dirigea vers le lit. Il hésita à ôter le haut de sa tunique mais il se résigna à la garder. Si Altaïr venait le chercher, il ne perdrait pas de temps à se rhabiller. Il grimpa sur le lit et s'adossa contre les oreiller pendant que Makai venait doucement se glisser dans ses bras. Ils nouèrent de nouveau leurs doigts, comme à l'accoutumé et Makai se blottit un peu plus contre l'assassin protecteur. Il l'étreignit et ils se retrouvèrent enlacés l'un contre l'autre comme des enfant. Lutha se mit à caresser les cheveux de Makai et il lui déposa un baiser sur la tempe. Il ferma les yeuxmais ne recula pas ses lèvres de la peau de son Ange. Il respirait l'odeur de ses cheveux. Une odeur de noblesse qui, même après des années de travaux, Makai n'avait pas perdu. Ce n'était pas seulement un Ange qu'il avait là, s'était également une Princesse. C'était pour cela qu'elle était si parfaite dans chacun de ses traits. Makai remonta ses genoux vers elleet Lutha, croyant qu'elle avait froid, remonta le drap sur ses jambes.

Après ...

» Makai Chinuru
» Chambre de Lutha
» Devant la chambre du Roi.